NOCTURNES (impasse Nièpce)
Nocturne °°° huile sur toile 100x100cm 2011
Nocturne 3 Acrylique sur toile 27x41cm 2011
Nocturne 4 Acrylique sur toile 18x24cm 2011/2012
Nocturne 5 Acrylique et laque sur toile 40x40cm 2012
Nocturnes 10x15cm 2 et 4 acrylique et encre sur photographie 2012 coll.faclim
Jean Poussin, juillet 2015.
Nocturne 10x10cm 1 Acrylique et encre sur photographie 2012
Nocturne 10x10cm 2 Acrylique et encre sur photographie 2012 coll.faclim
Nocturne 10 Huile sur toile 100x120cm 2014
Une série entre chien et loup, près de l'heure bleue, toujours en dialogue entre photographie et peinture. Ces nocturnes réalisées sur le site de l'atelier impasse Nièpce, (Il n'y a pas de hasard.), sont des instants que j'accorde totalement à la poésie et à la réflexion. Pertinence des lumières et des couleurs toujours changeantes, flash de quelques éclairages, traces de civilisation. Ces recherches me mènent aux limites de la photographie courante que je repousse par l'utilisation de l'encre et de la peinture. Ces deux médiums s'enrichissent ainsi continuellement. FCR 2014
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les
parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique
et langoureux vertige !
Charles Baudelaire,
« Harmonie du soir »
Les Fleurs du mal (1857), Spleen et idéal
C’est
un moment précieux, où le
temps s’arrête. Le « quart d’heure magnifique », comme aime à le dire Florent
Contin-Roux, qui évoque aussi bien la rareté de ses moments de
tranquillité, que la beauté de cet instant. Ce
moment, on l’appelle parfois l’heure bleue
: ce basculement du jour vers la nuit, tant prisé des
artistes et des contemplatifs de toute sorte.
Pour l’artiste,
traversé par
tant de tensions, se laisser aller à l’harmonie
du soir et tenter d’en capter la fugace magie, c’est
une irremplaçable respiration, un retour à la simplicité.
Il faudrait s’en tenir là,
adopter la sagesse de Wittgenstein : « Ce dont on ne peut parler, il faut le
taire[1] ». Nous ne sommes pas nyctalopes, mais nous sommes bavards,
d’incorrigibles bavards. Parler nous
rassure, particulièrement à l’approche
de la nuit.
Nocturne 4 Acrylique sur toile 18x24cm 2011/2012
Nocturne 5 Acrylique et laque sur toile 40x40cm 2012
Cette série
crépusculaire de Florent Contin-Roux,
peintures et photographies mêlées, séduit d’abord par sa délicatesse
et sa poésie. Elle nous parle de ce moment de
simplicité, d’abandon presque, que le soir nous
offre parfois. C’est d’abord un hommage, hommage à la nuit, hommage à la pureté de cette couleur
bleue. C’est aussi un hommage à Niépce,
aux premières photographies, à ces tentatives, si émouvantes,
de capter le réel. Hommage de circonstance, hommage
au destin aussi bien, puisque cette série pour ainsi dire « vue de ma fenêtre » a
été réalisée
impasse Niépce, à Limoges,
où vivait
alors l’artiste.
Comme chez Niépce,
il y a quelque chose de balbutiant dans ces œuvres de Florent Contin-Roux, qui opère
de fait une sorte de retour aux sources. Armé de
moyens rudimentaires (photographies ordinaires retouchées
à la
peinture, sténopés numériques), il nous ramène
à l’innocence
d’avant le langage, au nécessaire
dépouillement devant l’harmonie
du soir. Bien sûr, la photographie a évolué
depuis Nicéphore Niépce, mais elle se heurte toujours à ses limites. Il
reste si difficile de retranscrire cette heure bleue, qui peut-être
n’existe que dans l’œil du rêveur. L’artiste cependant y revient, insiste,
laisse venir à lui
ce bleu et tente d’en approcher la pureté.
Devant le mystère de la nuit qui vient, il se fait
novice, il se fait sentimental. Il y a beaucoup de tendresse dans ces œuvres
du soir, et la peinture vient se poser comme une caresse sur la modeste
photographie, comme une caresse et comme un drap contre la fraîcheur
de la nuit qui monte. La peinture, comme souvent chez Florent Contin-Roux, est
critique et commentaire de l’image photographique, mais ici elle se
pose davantage comme complice et sœur de la photographie, unies dans leur
commune difficulté à dévoiler
le monde.Nocturnes 10x15cm 2 et 4 acrylique et encre sur photographie 2012 coll.faclim
L’abandon
et le dépouillement n’empêchent
pas l’inquiétude, l’intranquillité.
L’harmonie est fragile à cette heure-là,
entre le chien couché à mes
pieds et ce loup qui hurle au loin. Avec l’approche de la nuit, la sauvagerie n’est
jamais loin, et la pénombre apporte son lot de frissons.
Que sont ces petites touches de lumière, signes rassurants de la
civilisation ou présences mystérieuses
? Comme dans le poème de Baudelaire, cette tombée
de la nuit est harmonie, mais aussi déclin et ruine :
« Le violon frémit comme un
coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et
noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand
reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige. »
L’impasse Niépce n’en était pas une, finalement. Florent
Contin-Roux retranscrit avec justesse et retenue, tout à la fois cette beauté du soir, la
difficulté de
la décrire, et son ambivalence. À la fin, on ne sait
pas s’il a pu saisir ce bleu, mais il a su
en capter la fugace splendeur.
[1] « Sur ce dont on
ne peut parler, il faut garder le silence ». Ludwig
Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, 1918.
Nocturne 10x10cm 1 Acrylique et encre sur photographie 2012
Nocturne 10x10cm 2 Acrylique et encre sur photographie 2012 coll.faclim
Nocturne 10 Huile sur toile 100x120cm 2014
Une série entre chien et loup, près de l'heure bleue, toujours en dialogue entre photographie et peinture. Ces nocturnes réalisées sur le site de l'atelier impasse Nièpce, (Il n'y a pas de hasard.), sont des instants que j'accorde totalement à la poésie et à la réflexion. Pertinence des lumières et des couleurs toujours changeantes, flash de quelques éclairages, traces de civilisation. Ces recherches me mènent aux limites de la photographie courante que je repousse par l'utilisation de l'encre et de la peinture. Ces deux médiums s'enrichissent ainsi continuellement. FCR 2014